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Sud-Kivu : Parcours incroyable de Nicole MENEMENE, une entrepreneure sociale

Nicole MENEMENE, âgée de 29 ans, entrepreneure qui travaille aussi dans le domaine d’innovation sociale, dans la ville de Bukavu. Elle connait actuellement un parcours élogieux dans son secteur au regard de ses multiples réalisations et son implication dans la bonne gestion des déchets en province. GENERATION EGALITAIRE l’a approchée pour se rendre à l’évidence des exploits de cette jeune dame décomplexée dans la sphère entrepreneuriale.

Ci-dessous l’interview qu’elle nous a accordée:

-Comment l’idée d’entreprendre dans ce secteur vous est-elle venue ?

Par rapport au monde entrepreneurial, j’ai d’abord effectué mes stages académiques dans les ONG. J’ai vu la misère qu’il y a dans notre pays et les différents efforts que les ONG locales essayent de faire. Je me suis dite qu’il serait mieux de rester dans le domaine d’innovation sociale, une innovation  qui aide la population à améliorer ses conditions de vie, mais tout en gagnant de l’argent. J’ai eu aussi la chance d’être formée à l’innovation sociale dans une académie qu’on appelle SINA, en Ouganda.  Après cette formation, j’ai rencontré un monsieur qui s’appelle HUBERT à qui j’avais parlé de mon idée de décoration avec les déchets plastiques. Cet entretien m’a permis plus tard de me lancer, parce que c’était l’une des voies que nous avons pour quitter cette misère et avoir ainsi une meilleure vie.

-Quelles sont vos réalisations pertinentes dans le secteur de l’environnement avec, notamment, votre organisation plasticor ?

Déjà, nous sommes dans le domaine de l’assainissement. Avant même que plasticor ne prenne ce nom en 2018, j’avais fait une sensibilisation avec 22 jeunes volontaires auprès de 200 ménages dans toutes les trois communes de la ville de Bukavu sur la bonne gestion des déchets. En 2019, on a alors lancé le projet. En 2020, on avait dénombré une affaire de 40 000 bouteilles plastiques valorisées de manière artisanale. De ces bouteilles, 18 000 avaient été mises à profit dans la construction de la maison dénommée la ’’Gratitude’’ qui est située au niveau de Mwanda Katana, dans le territoire de kabare. En 2021, on a valorisé en termes de panier plus de 6 000 bouteilles, mais à la fin de l’année, on a aussi vendu plus de sept tonnes de déchets plastiques au projet KIVUTECH PNUD qui est le projet de pavage de 100m². En 2022, on a déjà vendu plus de trois tonnes de déchets plastiques. On n’a pas encore dénombré, pour l’instant, mais je crois que d’ici au mois de juillet, on aura déjà une quantité énorme. Plasticor prend part au projet TILATOPIA qui vise la construction d’une ile flottante sur le lac Kivu. En avril 2022, j’ai remporté le prix de meilleure entrepreneuse de l’année dans le ‘’challenge Start-up’’ de Totale énergie où j’étais élue 3ème dans toute la RDC, et c’est toujours grâce au projet TILATOPIA. 

-Quels sont les défis auxquels vous avez fait face avant d’atteindre ce niveau ?

Premier défi, quand on a business qui a des objectifs sociaux et entrepreneuriaux, il n’y a pas de souci de faire des profits extravagants. C’est là qu’on a même du mal à se trouver des associés, et c’est ce qui m’est arrivé au début. La cause environnementale que je défends, plusieurs personnes ne se sont pas encore appuyées à celle-ci, et cela fait en sorte qu’il y ait moins de gens qui croient au projet, c’est le deuxième défi. Le troisième, c’est encore le problème d’association, ici c’est la question de la loyauté qui refait surface. La plupart de jeunes avec lesquels j’ai essayé de travailler n’avaient pas fait preuve de loyauté ni de sérieux. Le dernier défi, c’est le fait pour moi d’être femme. Il y a certaines opportunités qui demandaient plus de souplesse et de disponibilité. Ce n’était pas mon cas comme j’étais une jeune fille, et quand je me suis mariée, il y a eu aussi d’autres opportunités auxquelles je ne pouvais pas sauter en étant enceinte ou en ayant un bébé.

-Comment avez-vous surmonté ces défis ?

Par rapport au fonds et aux investissements, j’ai dû faire preuve de patience. Il y a un principe entrepreneurial que j’ai découvert avec le temps: « Quand on n’a pas de gros moyens pour investir, on doit s’armer de patience ». Je suis allée, étape par étape, petite victoire par petite victoire jusqu’au point où je suis. Je ne pourrais pas dire que j’ai atteint un succès fou, mais je me dis que je ne suis plus au même niveau où j’étais en 2019. Concernant le défi lié à ma personne en tant que femme, je ne travaille pas toute seule, je travaille toujours avec une équipe des personnes pour faire ce que je ne peux pas faire pendant différents moments de la vie.

-Un message pour les autres femmes qui se découragent ou hésitent à entreprendre dans ce secteur de l’environnement ?

J’encourage énormément les femmes, d’autant plus que je dirai que la gestion des déchets, c’est une affaire des femmes. La société nous a donné cette tâche, et je pense que la question environnementale, c’est nous les femmes qui devons être les premières ambassadrices dans ce secteur. Nous devons nous investir entant que femmes, que ça soit sur le plan domestique ou entrepreneurial. Les femmes doivent comprendre que c’est notre milieu et on peut gagner dedans. Celles qui doutent encore doivent continuer à s’activer fortement. Elles doivent trouver leurs différences avec celles qui se trouvent déjà sur le marché. Que les clients écologiques ou pas se sentent valorisés par vous. En dernier lieu, n’ayez pas peur, ce n’est pas un monde inconnu, nous y sommes déjà très nombreuses, venez nous voir, on va travailler ensemble, et grâce à nous, Bukavu sera propre et on aura un grand niveau de respect, nous allons protéger notre environnement tout en gagnant de l’argent.

Rodrigue Zagabe, Blogueur 

 

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Sur l'auteur

Rédaction GENE

Journaliste activiste des droits la femme

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